Le MR ne voit pas d’un bon oeil la dispense de service accordée par Ludivine Dedonder au personnel de l’armée lors de la manifestation du 13 février.
La ministre de la Défense, Ludivine Dedonder (PS), a défendu jeudi sa décision d’accorder une dispense collective de service au personnel de l’armée qui veut participer à la manifestation du 13 février contre les projets de la coalition Arizona visant les services publics. Le MR lui a une nouvelle fois demandé de retirer cette dispense, dans les 24 heures, sinon il réclamera sa démission.
La ministre a été soumise à une série de questions à la Chambre, venant aussi bien de la future Arizona que de la future opposition. Elle a rappelé le contexte, à savoir une demande venant du syndicat libéral SLFP. Le personnel militaire dispose d’un statut particulier, notamment en matière de droit de grève et de manifester. « J’ai réagi positivement sur base d’un avis détaillé de la Défense« , a expliqué Mme Dedonder. La décision peut être revue, par exemple si survient une crise qui implique une intervention de la Défense.
Bon nombre de militaires sont inquiets des projets de la possible future coalition gouvernementale de relever l’âge de la retraite d’une série d’agents publics, dont celui des militaires fixé à 56 ans. « Ce régime de pension préférentiel s’explique par la nature même de leur métier« , a souligné la ministre: risque d’être envoyé dans une région instable, disponibilité 24 heures sur 24, mobilité, vie familiale mise à rude épreuve, etc.
« Si on touche au régime de pension sans adapter le régime de travail, inévitablement, on se retrouvera confronté à des problèmes d’attractivité et à des démissions. Et donc face à un problème d’opérationnalité qui compromettra la sécurité de notre pays« , a-t-elle averti.
La N-VA, le CD&V, le VB et le MR s’en sont pris vivement à la ministre. « Vous poussez à la grève », a accusé M. Ducarme qui a invité la ministre à quitter le gouvernement pour rejoindre les sièges du PS à la Chambre.
L’opposition n’est pas venue uniquement des bancs parlementaires. Le Premier ministre, Alexander De Croo (Open Vld), a lui aussi fait savoir sa désapprobation dans un courrier. Selon lui, en affaires courantes, Mme Dedonder ne pouvait pas prendre une telle mesure. Le point sera discuté lors d’un prochain conseil des ministres. La commission de la Défense de la Chambre a sollicité par ailleurs un avis des services juridiques du parlement.
« Je fais aujourd’hui le désolant constat d’une divergence politique sur ce droit à la liberté d’expression du personnel de la Défense », a regretté Mme Dedonder. « C’en est devenu malheureusement une affaire d’État. Tout l’arsenal juridique et politique déployé pour m’obliger à retirer cette dispense et ainsi empêcher ce personnel de s’exprimer n’est pas de nature à le rassurer ».
La ministre a reçu le soutien de son parti mais aussi celui du PTB. « Il va y avoir plein de monde en rue le 13 février et vous avez les chocottes. Vous devriez avoir honte: au lieu de témoigner du respect aux militaires, vous les empêchez de manifester », a lancé Raoul Hedebouw aux partis de droite.
« Si cette instruction n’est pas retirée dans les 24 heures, le MR demandera votre démission », a averti M. Ducarme. Une mise en garde qui n’a pas impressionné la ministre. « Cela fait quatre ans que je suis à la tête de la Défense et quatre ans que M. Ducarme me demande de démissionner. Il en rêve« , a-t-elle affirmé, interrogée en marge de la séance. « Mme Dedonder se trompe: je n’ai rien de personnel contre elle. J’estime ici qu’elle a trahi les affaires courantes et viole son devoir de réserve. J’agirais de la même façon avec n’importe qui », a répondu l’intéressé.