Avec un programme d’avancées sociales, le démocrate Zohran Mamdani est favori dans la course à la mairie de la ville la plus peuplée des Etats-Unis, qu’il veut rendre à nouveau «abordable».
Zohran sur le terrain de soccer, Zohran à Chinatown, Zohran au débat des candidats, Zohran à la Gay Pride, Zohran à la fête Divali, Zohran avec Alexandria et Bernie… Le candidat démocrate à l’élection municipale de New York, Zohran Mamdani, sait user habilement des réseaux sociaux pour tenir ses partisans en haleine et attirer d’éventuels nouveaux électeurs avant l’échéance du 4 novembre. Même lors de son dernier meeting, le 26 octobre dans le stade de Forest Hills, il a mis en garde ses supporters contre l’excès de confiance alors qu’il caracole en tête des sondages et que les observateurs ne voient pas comment il pourrait ne pas gagner. Entretenir la mobilisation jusqu’à la dernière minute reste un impératif.
L’essentiel semble pourtant acquis pour le candidat âgé de 34 ans, issu du quartier Astoria, surnommé la «Little Egypt» dans le Queens, et né en Ouganda de parents indiens. Zohran Mamdani a surtout créé la surprise lors de la primaire du Parti démocrate en l’emportant face au favori, l’ancien gouverneur de New York, Andrew Cuomo. Depuis, il n’a cessé de crever les écrans. La joie est une vertu qui a caractérisé sa campagne sur la forme. Le plus souvent vêtu d’un classique costume-cravate-chemise blanche, il semble être fait pour aller à la rencontre des gens, et donc susciter leur adhésion.
Gratuité des bus et des crèches
Derrière la façade, il y a aussi le projet de fond. Avec un leitmotiv, l’«affordability», à savoir rendre la ville abordable. Chez Zohran Mamdani, cela se traduit par des propositions concrètes: la gratuité des bus et des crèches, le gel des loyers des appartements réglementés par la mairie, la création d’épiceries publiques, la lutte contre le coût de la vie dans une ville extrêmement chère. S’il est élu, ses projets risquent cependant de se heurter à la question délicate de leur financement. Pour la résoudre, il prône une hausse des impôts pour les plus riches.
Donald Trump, qui est natif de New York et y possède quelques biens, ne s’est pas privé de dénoncer ce programme, qualifiant son concepteur de «cinglé 100% communiste», puis, quand il a vu son irrésistible ascension, de «mon petit communiste». Le principal concurrent de Zohran Mamdani, Andrew Cuomo, revenu dans la course à la mairie en tant qu’indépendant, a utilisé cet argument de l’hostilité du président pour agiter la menace d’une forme de mise sous tutelle de la ville par la Maison-Blanche face à un maire qui, par son manque d’expérience, ne serait pas en mesure de lui résister. La manœuvre ne semble pas avoir produit beaucoup d’effet: d’après les études d’opinion de fin octobre, Mamdani était toujours donné gagnant avec une avance notoire, 45% contre 30% à Cuomo, qui est confronté à des accusations de harcèlement sexuel lorsqu’il était gouverneur, et quelque 15% au candidat républicain Curtis Sliwa. Le pronostic aurait été plus aléatoire pour Zohran Mamdani si le républicain s’était retiré de la compétition, comme le président le lui aurait fortement suggéré, mais n’étant pas un fan inconditionnel de Trump, Curtis Sliwa n’y a pas consenti.
Soutien appuyé aux Palestiniens
Une autre source de critiques du candidat démocrate officiel, son soutien appuyé à la cause palestinienne, ne paraît pas non plus avoir érodé grandement sa popularité. Dans une ville qui compte la plus grande communauté juive hors d’Israël, ce positionnement pouvait constituer un handicap. Si Zohran Mamdani est élu le soir du 4 novembre, cette victoire signifiera, entre autres explications pouvant se combiner, que le démocrate a réussi à rassurer en incluant un plan de lutte contre l’antisémitisme dans son programme et en reconnaissant, c’est le moins qu’il pouvait faire, le droit de l’Etat d’Israël à exister, qu’une partie substantielle des Juifs de New York n’adhèrent pas à la politique du gouvernement Netanyahou, ou tout simplement que nombre d’entre eux sont d’abord attirés par les propositions sociales du candidat démocrate. Dans les sondages réalisés dans la communauté juive, Zhoran Mamdani arrive le plus souvent en tête, même si son résultat, 37% en juillet, est en deça des prévisions établies sur l’ensemble de la population.
Il n’empêche, ses prises de position sur la guerre à Gaza (Israël y commet un génocide; la ville de New York arrêterait Benjamin Netanyahou en vertu du mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale s’il y séjournait, bien que ce ne soit pas de sa compétence; ou sa campagne à une époque pour la «globalisation de l’intifada») conjuguées à ses propositions sociales ont suscité la méfiance, y compris dans les rangs démocrates. Si Zohran Mamdani a reçu le soutien direct de personnalités de la gauche du parti, comme la représentante de l’Etat de New York Alexandria Ocasio-Cortez et le sénateur du Vermont Bernie Sanders, d’autres responsables se sont montrés plus hésitants. Pour preuve, l’attitude de deux élus de New York. Hakeem Jeffries, le chef du groupe démocrate à la Chambre des représentants, ne s’est rallié à la candidature de Mamdani que le 24 octobre, tandis que son homologue du Sénat, Chuck Schumer, s’est gardé de franchir le pas.
Au-delà de la personnalité du possible futur maire de New York, ce qui gêne cette frange des démocrates, c’est l’orientation que son élection pourrait imprimer au parti. En renforçant son aile «socialiste», elle pourrait nuire aux ambitions du Parti démocrate lors des prochains scrutins nationaux qui se gagnent surtout au centre, et finalement servir l’Amérique Maga lors des élections de mi-mandat en novembre 2026 et présidentielles en 2028. La victoire d’un démocrate à New York n’augure rien du redressement des démocrates aux Etats-Unis.
La victoire d’un démocrate à New York n’augure rien du redressement des démocrates aux Etats-Unis.




