La Belgique déplore chaque année 19 décès à cause d’intoxications au monoxyde de carbone. Des chiffres qui varient peu, malgré les nombreuses campagnes de prévention sur le «tueur silencieux».
La remise en fonctionnement des chauffages signe le début d’une période à risque pour les services de secours: celle des intoxications au monoxyde de carbone (CO). Chaque jour, des interventions ont lieu pour cette raison, avec en moyenne 90 personnes intoxiquées par mois durant la période de novembre à mars en Belgique, soit trois par jour.
«Ces chiffres sont toutefois sous-estimés, précise Patrick De Cock, porte-parole du centre antipoison qui compile les données pour la Belgique. La plupart des intoxications ont lieu à domicile et plus occasionnellement dans les entreprises. La grande majorité des personnes survivent à l’intoxication au CO. Certaines passent sous les radars et ne sont tout simplement pas répertoriées.»
Les données disponibles sont donc plutôt un état des lieux des cas graves remontés au centre antipoison, dont une partie menant au décès. Des chiffres qui ont peu varié au cours de ces années et qui restent inquiétants. L’intoxication au monoxyde de carbone est la principale cause d’intoxication mortelle signalée au centre antipoison, avec 114 décès enregistrés entre 2018 et 2023 dans sa base de données, soit en moyenne 19 par an.
Les appareils de chauffage à contrôler
Ce sont en premier lieu les mauvais usages d’appareils divers et leur mauvais entretien qui conduisent aux intoxications mortelles: chauffage central (15 décès sur la période), chauffage de salle de bain (10 décès), voire même usage d’un barbecue à l’intérieur (3 décès).
«Cela peut paraître fou, mais il faut encore rappeler qu’un barbecue n’est pas un moyen de chauffage et qu’il ne faut en aucune manière l’utiliser à l’intérieur, déplore le service prévention des pompiers de Bruxelles, qui est encore intervenu pour ce genre de cas le week-end dernier. La salle de bain est également à risque, là où il y a encore de vieux appareils pour chauffer l’eau, car les gens se calfeutrent pour avoir bien chaud et s’intoxiquent d’autant plus vite.»
Après les appareils et leur usage (73 décès), les incendies sont la deuxième cause d’intoxication mortelle (33 décès), puis l’inhalation de fumées d’échappement (3 décès).
«La prévention contre les intoxications, c’est un tout et le détecteur de CO vient en dernière position, précisent encore les pompiers de Bruxelles. Il convient en premier lieu d’aérer correctement son habitation même en hiver, d’installer et d’entretenir correctement ses appareils de chauffage, de vérifier l’évacuation des appareils, de faire ramoner sa cheminée et enfin de ne pas utiliser de chauffages d’appoint à combustion pendant une trop longue période.»
Reconnaître les symptômes et prévenir l’intoxication
Le service de secours bruxellois a participé à la grande campagne de prévention lancée en octobre dernier avec Sibelga et le centre antipoison, rappelant qu’en cas de doute sur une intoxication, il convient toujours d’appeler le 112.
Depuis le 1er octobre dernier, les pompiers de Bruxelles sont déjà venus en aide à 24 personnes intoxiquées au monoxyde de carbone, dont 20 ont nécessité une hospitalisation. «La marche à suivre en cas de suspicion de présence de CO sera d’abord d’aérer les lieux, de couper l’éventuel appareil défectueux et d’évacuer, tout cela sans se mettre en danger. Si une personne est inconsciente, il faut essayer de l’évacuer, toujours sans prendre de risque pour sa propre sécurité et éviter d’autres accidents. Les occupants peuvent éventuellement commencer une réanimation si la personne ne respire pas, avec l’aide d’un opérateur du 112», ajoute le service de prévention des pompiers bruxellois.
Le CO est un gaz incolore et inodore qui apparaît lors d’une combustion incomplète de combustibles, dont les causes peuvent être diverses (brûleur défectueux, mauvaise installation, mauvais entretien de l’appareil, mauvais tirage de la cheminée).
Le monoxyde de carbone vient se fixer à l’hémoglobine du sang au lieu de l’oxygène, perturbant le transport de ce dernier dans le corps. Avec comme symptômes possibles des maux de tête, de vertiges, de nausées et de vomissements. La victime peut se sentir faible, s’essouffler rapidement et présenter des signes de confusions.
Pour se soigner, l’oxygénation sera nécessaire, en milieu hospitalier dans les cas les plus graves. Les femmes enceintes sont plus particulièrement à risque, car l’exposition au CO peut mener à des malformations ou à la mort du fœtus.