Les premiers flocons de neige sont tombés sur la Belgique, notamment à l’est du pays. Pascal Mormal, météorologue à l’Institut royal météorologique (IRM), explique ce qui est à prévoir pour les années à venir, et pourquoi la neige devrait se faire de plus en plus rare.
Les premiers flocons sont tombés ce mercredi. Est-ce plus tôt que les années précédentes?
Dans les Hautes Fagnes, les premières neiges apparaissent vers le début du mois de novembre. En 2023, les premiers flocons sont tombés le 25 novembre. Cette année, les précipitations neigeuses ont donc un peu d’avance, mais on reste tout de même dans la moyenne des années précédentes. Cette masse neigeuse est due à un vent d’air polaire maritime qui, non seulement, amène des températures basses, mais apporte également avec lui plus de précipitations.
Cette nuit, il est tombé deux à trois centimètres de neige au Signal de Botrange, et il pourrait en tomber jusqu’à quinze centimètres, la nuit prochaine, à l’est. Il en tombera aussi dans le centre de la Belgique, deux centimètres tout au plus, mais celle-ci ne tiendra pas, contrairement à la région des Ardennes, où la neige va rester au sol jusqu’au dégel, samedi soir. Après ça, peu de chance de revoir rapidement de la neige, car les températures vont bondir d’un coup pour atteindre jusqu’à 14°C.
Avec le réchauffement climatique, la neige va-t-elle se faire plus rare dans les années à venir?
On voit clairement depuis les années 80 une baisse des précipitations neigeuses. Cela s’explique notamment par l’augmentation de la température d’un degré celsius en 30 ans. Tous les massifs de basse et de moyenne montagne sont concernés. Dans les Vosges, par exemple, on constate un recul sensible de enneigement, et cela risque de s’aggraver dans les prochaines années. D’où la nécessité pour ces stations de ski de diversifier leurs offres d’activités hivernales, ce que certaines font d’ailleurs déjà. À l’inverse, dans les 20 ou 30 prochaines années, on pourrait constater une augmentation des précipitations, et donc des chutes de neige, en haute montagne (plus de 1.800 mètres d’altitude). Toutefois, si le réchauffement climatique se poursuit de la même façon, même à plus de 2.000 mètres, on pourrait ne plus avoir de neige.
Certaines études évoquent qu’il pourrait ne plus avoir de neige du tout dans les années à venir, mais un tel basculement me paraît compliqué à imaginer. Même dans un climat chaud, il est possible que surviennent des chutes de neige. Seulement, elle est et sera plus rare, et aussi moins durable. Ce qui est certain, c’est que nos enfants verront encore la neige.
Quel impact la raréfaction de la neige peut-être avoir sur nos régions?
Difficile à dire. La Belgique n’est pas une zone qui connaît de longs hivers froids, comme dans certaines hautes régions septentrionales. On ne ressentira donc pas vraiment la raréfaction de la neige, et notre nature ne sera pas trop impactée. Toutefois, des précipitations moins importantes, sous forme de pluie ou de neige, pourraient entraîner de plus en plus de sécheresses.
Par ailleurs, la course à la neige peut aussi avoir un impact environnemental non négligeable. C’est moins le cas en Belgique, mais de nombreuses stations emploient des canons à neige pour leurs pistes, ce qui occasionne de la pollution. Et de toute façon, ils ne sont pas une solution pérenne. Certaines conditions doivent être remplies pour que ces canons fonctionnent, ce qui n’est pas toujours le cas.