Décembre 2024 fut particulièrement doux, avec un peu plus de 5°C de température moyenne. La Belgique n’a enregistré aucun jour d’hiver le mois dernier et seulement quatre jours de gel, selon la définition de l’Institut royal météorologique (IRM). En remontant les années, la raréfaction des journées froides progresse nettement.
Si le mois de décembre a été peu lumineux, il s’est également caractérisé par sa douceur, note l’IRM dans son bilan mensuel. À Uccle, la station de référence, les températures ont ainsi oscillé entre -2,5°C (28 décembre) et 13,3°C (19 décembre). La température moyenne pour l’entièreté du mois a été de 5,3 °C, ce qui est supérieur d’un degré à la normale saisonnière de 4,3 °C pour la période de référence la plus récente (1991-2020). Un début d’hiver météorologique plutôt doux pour la Belgique.
Toujours à Uccle, l’IRM n’a recensé en décembre 2024 que quatre jours de gel, qui se définit comme une journée où la température minimale au sol se situe sous les 0°C. La normale actuelle se situe à 9,3 jours de ce type. Un autre indicateur hivernal montre la douceur du mois dernier, avec l’absence total de jour d’hiver enregistré, soit une journée où la température ne dépasse pas les 0°C, contre une normale de 1,7 jour.
Dans son rapport, l’IRM note qu’il s’agit du 16e mois de décembre sans aucun jour d’hiver dans les mesures depuis 1991 et de la 45e fois depuis 1892. «Décembre 2024 s’inscrit totalement dans la lignée de ce qui est observé depuis des années, avec un redoux marqué et une diminution des indicateurs hivernaux comme les jours de gel et d’hiver», analyse Pascal Mormal, météorologue à l’IRM.
Un graphique montre nettement la chute de ces indicateurs, avec la diminution progressive des jours de gel et d’hiver entre la période 1961-1990 et la normale actuelle (voir ci-dessous). Ces périodes de 30 années permettent de gommer les valeurs qui sortent de l’ordinaire, pour montrer les tendances à plus long terme du climat belge. «Ponctuellement, il est encore possible d’avoir des coups de froid évidemment, mais ceux-ci ne durent jamais longtemps. A Bruxelles, les températures vont descendre jusqu’à -5°C ou un peu plus bas, mais descendre sous les -10°C, ce qui n’était quand même pas si rare que ça jusqu’aux années 1980, c’est devenu bien plus exceptionnel», note le météorologue.
«C’est un chiffre à connaître pour exposer facilement le réchauffement du climat belge: au cours des 30 dernières années, il n’y a eu que deux vagues de froid pour 20 vagues de chaleurs. À savoir que jusque dans les années 1980, il y avait encore autant de vagues de froid que de vagues de chaleur», expose encore le spécialiste.
Sur l’ensemble des indicateurs, tous semblent aller dans la même direction, vers un réchauffement progressif en Belgique, pas seulement en hiver d’ailleurs. Mais la saison hivernale et le froid ont leur rôle à jouer. «C’est important dans un climat comme celui de la Belgique de conserver des périodes de gel durable. C’est utile pour l’agriculture, pour la nature, pour lutter contre tout ce qui est parasites, champignons, moisissures. Les gens se diront peut-être que c’est bien pour les factures de chauffage, mais les températures trop douces ne sont pas une bonne chose pour l’environnement de manière générale», conclut-il.
Le nombre de jours par an avec une température minimale inférieure à 0°C
L’hiver va-t-il seulement commencer en Belgique? Le mois de janvier 2025 pourrait bien être dans la même veine que décembre, sans grand coup de froid, mais moins doux que ce que les modèles entrevoyaient à la fin de l’automne. Des données à prendre avec prudence, car les prévisions à plus long terme sont nettement plus incertaines.
La période de référence 1991-2020 a été choisie pour cette comparaison car c’est celle qui est recommandée par l’Organisation météorologique mondiale (OMM). Lorsqu’il s’agit de comparer des réalités météorologiques, les spécialistes se basent en effet sur une période de trente ans, représentant les normales saisonnières.