Les syndicats représentant les agriculteurs ont maintenu la pression sur les différents gouvernements du pays, avant une réunion avec les ministres de l’Agriculture fédéral, flamand et wallon. Le mode d’action des manifestants sera désormais davantage ciblé, ont-ils laissé entendre.
L’ambiance était à l’apaisement à la sortie d’une réunion de travail entre les ministres de l’Agriculture fédéral et régionaux et les syndicats représentant les agriculteurs. Un calendrier de travail a été établi, a annoncé le ministre fédéral David Clarinval. La première réunion de la task force agriculture se tiendra jeudi ou vendredi prochain. Celle-ci se penchera sur la composition des prix afin d’offrir une meilleure répartition des marges entre les producteurs et les distributeurs. L’intention est de s’inspirer des modèles espagnol et français.
Le vendredi 16 février, une autre réunion, en compagnie de l’Afsca, du SPF Santé publique et de l’agence des médicaments (AFMPS) se penchera sur la simplification administrative, sur base des propositions des agriculteurs. Enfin, la Belgique va demander à la Commission européenne de venir avec des propositions concrètes lors du Conseil de l’UE « Agriculture » du 26 février, a ajouté le ministre. « Ursula von der Leyen doit venir elle-même avec des propositions », a exhorté M. Clarinval.
De son côté, le ministre wallon Willy Borsus a salué une « volonté très forte de part et d’autre ». « Chacun a compris qu’il y a urgence ». Il a également insisté sur la nécessité d’instaurer des clauses-miroir (les mêmes règles pour toutes les parties) lors de la conclusion de traités de libre échange. En matière de simplification administrative, une méthode de travail sera aussi mise en place dès la semaine prochaine au sud du pays.
Les syndicats agricoles ont indiqué vouloir donner une chance à la négociation. Un comité de direction aura lieu lundi à la Fédération wallonne de l’Agriculture (Fwa) afin d’organiser les travaux, a indiqué sa présidente Marianne Streel. « Tout le monde a la volonté de travailler, mais le plus important reste de voir à quoi on arrive à la fin du travail. » La Fédération des jeunes Agriculteurs (FJA) a aussi exprimé sa satisfaction de voir un calendrier établi. La Fugea, plus critique, estime qu’il s’agit d’un bon début « mais pas encore satisfaisant ». « On prévoit un agenda, mais il n’y a pas encore d’actes », a déploré Thomas Huyberechts, chargé de mission politique. Côté flamand, le président du Boerenbond Lode Ceyssens a appelé à lever provisoirement les blocages afin de laisser une chance à la discussion.
« Les blocages ne sont pas de nature à arranger les choses », a ajouté David Clarinval. « On doit travailler tous ensemble ».
Fin du blocage des centres de distribution de Colruyt
Le blocage des centres de distribution de Colruyt encore touchés par les actions des agriculteurs, à Ghislenghien et Ollignies, prendra fin vendredi soir, a indiqué une porte-parole de la chaîne de supermarchés.
Colruyt indique avoir eu des discussions constructives avec les agriculteurs et il a été convenu de maintenir le dialogue. La chaîne de supermarchés compte désormais « faire tout son possible » pour que les camions quittent le plus rapidement possible les centres de distribution et approvisionnent les rayons des magasins.
Le blocage a déjà pris fin à Hal dans l’après-midi.
Un camion relâché toutes les heures au centre logistique Lidl de Marche
Le blocage par les agriculteurs du centre logistique Lidl de Marche-en-Famenne s’est adouci. Les manifestants ont accepté de relâcher un camion toutes les heures, à condition qu’il ne transporte que des produits belges. Le blocage ferme en vigueur depuis lundi a laissé place vendredi à un barrage filtrant. Un premier camion a pu quitter les lieux vers 10h du matin. Les manifestants ont ensuite relâché un camion toutes les heures à partir de 13h, après s’être assurés qu’il transportait exclusivement des denrées alimentaires en provenance de Belgique.
Un transporteur espagnol bloqué dans l’enceinte du dépôt depuis mardi, avec sa marchandise, a quant à lui pu reprendre la route pour l’Espagne avec sa cargaison dans le courant de l’après-midi.
Plusieurs postes-frontières vers les Pays-Bas bloqués
Des agriculteurs belges se sont installés à plusieurs postes à la frontière avec les Pays-Bas afin de poursuivre leur action de protestation. Le trafic est fortement perturbé sur l’autoroute A12 entre Anvers et Berg-op-Zoom (Pays-Bas) en raison d’une action de protestation des agriculteurs. En direction des Pays-Bas, seule une bande de circulation est disponible tandis que l’autoroute est complétement bloquée dans l’autre sens, a annoncé la police fédérale en début d’après-midi.
Les actions de protestation des agriculteurs près de la frontière entre les Pays-Bas et la Belgique provoquent des problèmes d’approvisionnement dans les magasins belges de la chaîne de supermarchés Albert Heijn. Les conséquences restent toutefois limitées dans les rayons, affirme le groupe néerlandais. Jeudi soir, les centres de distribution des chaînes Jumbo (à Woerden) et Aldi (à Groningen) ont également été brièvement bloqués aux Pays-Bas. Les blocages n’ont cependant pas posé de problème d’approvisionnement dans les magasins, ont déclaré les porte-paroles de ces entreprises.
Les premiers camions peuvent rentrer dans le port de Zeebrugge
Les premiers camions ont pu rentrer dans le port de Zeebrugge après plusieurs jours de blocage par des agriculteurs, a annoncé le gouverneur de Flandre occidentale Carl Decaluwé. Les 2.000 camions bloqués dans le port et à l’extérieur ont été guidés par la police. Les blocages ont été levés en fin d’après-midi. Un plan de sortie a été mis en place afin de s’assurer que les camions bloqués dans l’enceinte du port puissent quitter les lieux sans encombre. Les camions devant entrer dans la zone portuaire ont quant à eux été guidés jusqu’aux différents terminaux par la police.
Les chauffeurs de camions qui doivent passer le week-end sur place peuvent utiliser le parking de l’aéroport d’Ostende. Une déviation a été mise en place pour les y conduire. Ils pourront y bénéficier de nourriture et de sanitaires. Le gouverneur appelle les automobilistes à éviter autant que possible de se rendre dans la zone. « De nombreux camions y sont en mouvement et cela peut créer des embouteillages. Les opérations dureront encore tout le week-end », avertit Carl Decaluwé.
De Croo: « Le moment est venu de lever les barrages »
Le Premier ministre Alexander De Croo (Open VLD) a appelé les agriculteurs à lever leurs barrages routiers après les réunions de concertation avec les représentants politiques. « Le signal a été donné. Nous les avons reçus au niveau fédéral ainsi qu’au niveau européen. Aujourd’hui, ce sera au tour du gouvernement flamand. Il y a un engagement à continuer à travailler ensemble dans les semaines à venir. Je pense que le moment est donc venu de lever les barrages », a estimé le chef du gouvernement au micro de la VRT-radio. Après le blocage de Bruxelles jeudi, des agriculteurs, toujours mécontents, ont décidé de poursuivre leurs actions.
Selon le Premier ministre, il est temps de mettre un terme à ces actions. « Notre approche a été d’entamer la concertation alors que d’autres avaient plaidé pour envoyer l’armée. Mais je pense que ce genre de confrontations ne mène à rien », a ajouté M. De Croo. Selon lui, le dialogue mène à des résultats. « Je vois que les barrages se font moins présents. Ces dernières heures, plusieurs centres de distribution ont ainsi été libérés suite à cette concertation. Celle-ci a aussi lieu autour des ports ». Le Premier ministre dit comprendre que les agriculteurs veulent des solutions à court terme. Mais « certaines choses sont complexes et prennent du temps… »
Quatre centres de distribution d’Aldi bloqués par des agriculteurs
Les centres de distribution d’Aldi à Heusden-Zolder, Turnhout, Vaux-sur-Sûre et Gembloux ont été bloqués par des agriculteurs, a confirmé la chaîne de supermarchés. « C’est surtout le client qui en fait les frais », déplore Aldi.
L’enseigne explique comprendre les revendications des agriculteurs et se dit prête à dialoguer avec le secteur agricole. Cependant, les blocages constituent une « situation regrettable », selon un porte-parole. Les rayons vides risquent de se multiplier dans les magasins.
Des actions en justice seront engagées si les centres de distribution actuellement bloqués par des agriculteurs ne sont pas libérés « dans les prochaines heures », a mis en garde, vendredi midi, l’organisation sectorielle Comeos.