Le procès-verbal de la police, réalisé immédiatement après les faits qui ont mené au décès de Fabian, 11 ans, a fuité dans la presse. Le document révèle des informations qui bouleversent l’enquête.
La RTBF a publié dimanche le contenu du procès-verbal, rédigé par la police quelques minutes après les faits. Pour rappel, le 2 juin 2025, vers 18 heures, Fabian alors âgé de 11 ans, a été fauché par une voiture de police alors qu’il conduisait une trottinette électrique dans le parc Elisabeth à Ganshoren. Le document, rédigé par des policiers, reprend trois témoignages décrivant les circonstances du décès, en ce compris les détails de la collision et les premiers constats. La vitesse du véhicule y est notamment soulignée, ainsi que l’absence de trace de frein. Les auteurs précisent qu’un test d’alcoolémie a été réalisé sur le policier conducteur âgé de 26 ans, dont le résultat était négatif.
«Malgré sa proximité avec l’enfant, le véhicule n’a pas ralenti»
Le procès-verbal révèle que ce soir là, les policiers auteurs du P-V ont été appelé par le dispatching pour un «accident avec mort d’homme sans circonstances aggravantes». Dans un premier temps, aucune mention qu’il s’agissait d’un enfant. Le document précise que le conducteur de la voiture de police est «en état de choc».
Trois témoins sont entendus par les agents de police sur place. Le premier dira que «un jeune garçon âgé d’environ 7 à 10 ans, roulait sur une trottinette poursuivie par un véhicule de police roulant à très vive allure. Malgré sa proximité avec l’enfant, le véhicule n’a pas ralenti.»
Les deux autres témoins souligneront eux aussi la vitesse du véhicule: «Le véhicule de police a percuté la trottinette et a roulé sur le conducteur, d’abord avec les roues avant, puis avec les roues arrière. Il n’y avait pas de traces de freinage.»
Après les faits, les témoins racontent que le conducteur de la voiture de police est «resté auprès de la victime tandis que sa collègue s’occupait de sécuriser le périmètre et de tenir les gens à distance.»
Le parquet a annoncé qu’il tiendrait une conférence de presse dans le courant de la semaine prochaine. «Un équilibre entre l’information des citoyens et le respect des règles de droit doit être trouvé. Le parquet met tout en œuvre pour qu’un procès public soit tenu dans un délai rapide et c’est ce procès qui permettra de faire ressortir la vérité judiciaire et de rendre justice et non la diffusion d’extraits de procès-verbaux au stade de l’enquête.»
Ce dernier ajoute: «La parution dans la presse d’éléments de l’enquête alors que des auditions sont en cours quotidiennement est de nature à influencer ou perturber certains témoignages. Or il est fondamental que les auditions se déroulent sans pression extérieure, sans pollution et en toute objectivité pour garantir une justice équitable. Selon les règles du code d’instruction criminelle en vigueur en Belgique, les suspects n’ont pas accès au dossier avant leur audition et ré-audition afin d’éviter qu’ils ne puissent orienter leurs déclarations en fonction d’éléments lus au dossier, ainsi qu’un risque de collusion ou de déperdition de preuves.»
Violences en marge d’un hommage à Fabian
Ce dimanche, une autre polémique a éclaté. Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées dans le calme pour une marche en hommage à Fabian. Des troubles ont éclaté avec la police qui a fait usage d’un canon à eau, de gaz lacrymogène et de balles en caoutchouc contre une vingtaine d’émeutiers.
Deux agents étaient armés de fusils FN303 orange, qui tirent des balles en caoutchouc. L’un d’eux s’en est servi, qui plus est à côté d’une aire de jeux où se trouvaient encore des enfants.
Dans une réaction, la zone de police assure que de telles balles ne sont utilisées que par une équipe spéciale en charge des arrestations. Lors de ces troubles, moins de vingt cartouches ont été tirées, selon la police, qui précise encore que les armes ne sont utilisées que dans le cadre d’auto-défense. Elles sont dans les faits rarement employées, mais les agents de cette équipe les ont toujours à leur disposition, ajoute la police.
Un rapport interne va désormais être dressé par les agents impliqués, dans le respect de la procédure standard.
Le ministre Quintin affirme désormais qu’il va demander des explications à la police. « L’usage de ce type de munitions est réglementé. J’ai demandé à la zone de police de me tenir informé sur ce qu’il s’est passé précisément et comment la situation est gérée ».