La ministre de l’Education Valérie Glatigny (MR) promet au moins une semaine de congés scolaires commune aux différentes communautés du pays. Face au scepticisme de la Flandre à adopter les rythmes en vigueur au sud du pays, une légère modification du calendrier francophone pourrait être envisagée. «Une solution contre-productive», dénonce le PS.
Deux ans après son entrée en vigueur, la réforme des rythmes scolaires reste un objet de débat récurrent dans les sphères politiques. Non pas pour le contenu de la mesure, saluée quasi unanimement par les acteurs de l’enseignement et de la petite enfance, mais bien pour les tensions communautaires qu’elle suscite.
Le décalage entre les congés francophones, flamands et germanophones continue en effet de plomber l’organisation familiale le long des frontières linguistiques, tout comme l’enseignement en immersion et le recrutement de professeurs de langues. Face à ce constat, le tandem MR-Engagés aux manettes du gouvernement de la Fédération de la Wallonie-Bruxelles a promis, dans sa Déclaration de politique communautaire (DPC), d’harmoniser – tant que faire se peut – les calendriers scolaires à l’échelle du pays.
Lundi, en Commission du Parlement, la nouvelle ministre de l’Education Valérie Glatigny (MR) a même placé le curseur un cran plus haut en garantissant, à l’avenir, au moins une semaine de vacances commune entre janvier et juin. Une nouvelle accueillie favorablement sur le fond, mais qui suscite des interrogations sur la forme: comment, pratiquement, assurer cette synchronisation?
Renouer le dialogue
Contacté, le cabinet de la ministre affime ne pas encore avoir déterminé les modalités de cette mesure «à la virgule près», l’adaptation ne devant être réalisée qu’à l’horizon 2026-2027. Les deux prochaines années scolaires permettent en effet déjà, outre les vacances de Noël, une semaine d’arrêt commune lors du congé de détente (Carnaval). Mais le calendrier 2027, avec un lundi de Pâques tombant extrêmement tôt (le 29 mars), compromet cette volonté de coordination. La priorité de la ministre de l’Education est donc de «renouer le dialogue» avec la Flandre et la communauté germanophone, afin de les encourager à adopter le rythme francophone. «A défaut, nous devrons alors effectuer une modification, mais qui sera seulement de l’ordre d’une semaine», concède le cabinet Glatigny.
Pour l’heure, le gouvernement flamand semble toutefois peu enclin à revoir sa copie. Si l’Open VLD, Vooruit et Groen plaident pour s’aligner sur le calendrier francophone, la N-VA, par la voix de son ministre de l’Enseignement Ben Weyts, a toujours refusé en bloc cette éventualité. La victoire des nationalistes aux dernières élections et leur mainmise sur la formation gouvernementale au nord du pays n’augurent que peu de changement. L’inflexibilité flamande fait donc craindre une inévitable adaptation francophone.
«Un mauvais signal»
Pour le député du Parlement de la FWB Martin Casier (PS), cette solution serait «contre-productive» et enverrait un «mauvais signal» en termes d’apprentissage. «La ministre risque de briser un élément-clé de la réforme, à savoir le 7-2-7-2, qui garantit deux semaines de congé toutes les sept semaines de cours, s’inquiète le socialiste. Or, tous les pédagogues et les professeurs eux-mêmes sont unanimes sur les bénéfices de ce rythme régulier pour les capacités d’apprentissage.» Un constat partagé par Bernard Hubien, secrétaire général de l’Union francophone des associations de parents de l’Enseignement catholique (UFAPEC): «Les retours que nous avons du terrain vont tous dans le même sens: les enfants sont moins fatigués et plus aptes à emmagasiner de la matière. Les enseignants, aussi, sont moins sur les genoux. C’est prouvé scientifiquement: ces deux semaines de congé toutes les sept semaines permettent réellement de faire reposer le corps humain et le cerveau.»
Or, en étudiant attentivement le calendrier, garantir une semaine de congé commune au premier semestre de 2027 ne permettrait plus une telle alternance, quel que soit le scénario envisagé. Une période d’au moins neuf semaines de cours sans discontinuer risque de se présenter, soit entre les congés de détente et de printemps (Pâques), soit entre ceux de printemps et d’été.
Eviter un «démantèlement total»
Une option que veulent absolument éviter les associations de parents. «Il faut effectivement répondre aux sérieux problèmes rencontrés par les familles bicommunautaires, mais tout en veillant à ne pas complétement déséquilibrer le calendrier actuel, met en garde Véronique de Thier, responsable politique à la FAPEO, la Fédération des parents et des associations de parents de l’Enseignement officiel. Cette solution temporaire – dans l’attente, espérons-le, de l’alignement des néerlandophones – doit absolument comprendre cette balise.»
Depuis les bancs de l’opposition, les socialistes assurent qu’ils continueront à «soutenir la ministre dans ses initiatives pour faire converger les calendriers scolaires», pour autant qu’elles «ne dérogent pas à l’essence-même de la réforme.» De leur côté, les associations de parents promettent de veiller au grain lors de l’élaboration des prochains calendriers (fixés par un décret tous les deux ans), pour éviter un «démantèlement total» des rythmes d’apprentissage.