La marque automobile italienne Lancia, l’une des belles endormies de Stellantis, a dévoilé sa nouvelle Ypsilon, plus spacieuse et sophistiquée que l’actuelle citadine, en version 100% électrique, première étape de sa « renaissance » et tremplin pour une reconquête de l’Europe.
La dernière-née de Stellantis sera dans un premier temps disponible en Italie à 1.906 exemplaires, une série limitée conçue en partenariat avec la marque de mobilier de design Cassina. Ce nombre rappelle l’année de fondation de Lancia. « La nouvelle Ypsilon est le point de départ de la relance de notre marque et donnera une impulsion pour notre retour en Europe », a déclaré à l’AFP son directeur général Luca Napolitano en marge de sa présentation dans des locaux de Cassina à Milan.
Pendant qu’Alfa Romeo, autre marque italienne de Stellantis, se relançait avec des SUV, Lancia s’est retirée progressivement de tous ses marchés à l’étranger. Elle ne vendait plus qu’un unique modèle, sa petite Ypsilon, et seulement en Italie, où elle est N°3 des ventes derrière la Fiat Panda et la Dacia Sandero. Clin d’oeil au passé prestigieux de Lancia, la silhouette de la nouvelle Ypsilon épouse les formes douces de la légendaire berline Aurelia des années 50, remises au goût du jour dans un style plus moderne. Autre rappel, Lancia reprend les emblématiques feux arrière ronds de sa sportive Stratos, la reine des rallyes dans les années 1970, désormais à LED et dotés de la lettre Y.
La relance en Europe, un défi
Inspirée de la sportive Beta Montecarlo, également des années 70, la calandre a été revisitée dans un style plutôt futuriste, marquée par trois rayons de lumière LED. « La nouvelle Lancia est plus moderne, plus contemporaine, nous ne voulons pas construire des voitures qui soient tournées seulement vers le passé », a commenté M. Napolitano.
Alimentée par un moteur 100% électrique, de 156 ch/115 kW, la nouvelle Ypsilon promet une autonomie jusqu’à 403 km. Elle partage sa plateforme (châssis) avec les autres petites électriques du groupe, les Peugeot 208 et Opel Corsa. Une version hybride sera lancée dans les prochaines semaines. Et en 2025, il y aura une version sportive électrique dotée de 240 ch. Première voiture premium du segment B de Stellantis, la nouvelle Ypsilon est d’ores et déjà en vente en Italie, où les réservations ont dépassé les attentes.
Quant à la relance en Europe, « c’est un grand défi », a reconnu M. Napolitano. Premier test, la nouvelle Ypsilon sera commercialisée au cours de l’été aux Pays-Bas et en Belgique. Elle sera ensuite lancée fin 2024 en France, pays qui « compte beaucoup de passionnés de Lancia », selon M. Napolitano, et en Espagne, où la nouvelle voiture sera d’ailleurs produite, à Saragosse. L’Allemagne suivra en 2025.
Le pari n’est cependant pas gagné d’avance, même si le design de la nouvelle Ypsilon est « unique », juge Felipe Munoz, analyste du cabinet Jato Dynamics. « La Lancia Ypsilon vise la partie supérieure et plus chère du segment B, qui est en déclin en Europe car les gens préfèrent acheter des SUV », commente-t-il à l’AFP. « Une marque ne peut pas vivre de ses fans, elle vit de ses ventes », fait-il valoir. Vu la montée en gamme et les prix associés, « il sera difficile de les convaincre d’acheter, surtout en dehors de l’Italie. » Les ventes de la nouvelle Ypsilon devraient se concentrer « à 80% » sur l’Italie. Mais en 2026, le futur modèle phare baptisé Gamma, un crossover électrique à mi-chemin entre berline et SUV, devrait être vendu à 50% à l’étranger, a précisé M. Napolitano.
Une autre voiture électrique, une compacte sportive appelée « Delta » comme son illustre ancêtre des années 1980, est annoncée pour 2028.