Les touristes belges sont moins nombreux que l’an dernier à fouler le sol américain. Le chaos politique et économique impulsé par Donald Trump plombe les réservations, confirment les agences de voyage. Mais la baisse du dollar pourrait relancer l’attractivité de la destination.
Un effet Trump sur les voyages outre-Atlantique? Longtemps pressenti, le boycott touristique des Etats-Unis se confirme aujourd’hui, chiffres à l’appui. En mars 2025, le nombre de voyageurs étrangers a chuté de 11% par rapport à la même période l’an dernier, selon l’administration américaine du tourisme. Une baisse de fréquentation particulièrement marquée parmi les touristes caribéens (-26%) et d’Amérique centrale (-23,9%). Mais les Européns de l’Ouest ne sont pas en reste: moins d’un million de visiteurs (905.603) issus de cette partie du globe ont été enregistrés en mars, ce qui représente la pire chute (-17%) depuis la crise financière de 2009, à l’exception des années Covid.
Et en Belgique? Les Etats-Unis n’ont pas davantage la cote. En mars 2025, quelque 18.824 touristes belges ont bourlingué les routes américaines, soit 16% de moins qu’un an plus tôt. Un recul qui s’est accéléré par rapport au mois de février (-9%) et janvier (-3%). Pour Olivier Vandenbroucke, patron d’USA Travel (spécialiste des voyages sur mesure aux Etats-Unis), la réelection du Républicain y est assurément pour quelque chose. «C’est certainement un des éléments qui pèsent du mauvais côté de la balance, confirme le responsable, qui note une baisse de 25 à 35% des réservations par rapport à l’an dernier. Mais tout attribuer à Trump me paraît démesuré.»
Le Canada, grand gagnant
Et pour cause: USA Travel observe toujours un fort intérêt pour la destination auprès des clients belges. «Quand une destination est boycottée politiquement, il n’y a plus de demande du tout, insiste Olivier Vandenbroucke. Or, ici, la demande pour l’été 2025 est comparable à celle de l’été 2024. C’est plutôt au niveau des concrétisations que ça coince.»
Un constat partagé par TUI Belgium. Alors que les réservations pour l’été 2025 connaissaient une hausse en automne et en hiver (+6%), elles ont progressivement chuté à partir de janvier et la prestation de serment de Donald Trump. «Ca avait très bien démarré, mais toute l’avance accumulée sur les premiers mois a ensuite été perdue, expose le porte-parole Piet Demeyre. On est donc plutôt sur un statu quo par rapport à l’année passée.»
Le contexte global d’incertitude – tant politique qu’économique – n’inspire pas confiance aux touristes, affirment les deux spécialistes du voyage aux Etats-Unis. «Certains clients reportent leurs réservations à plus tard, en espérant que le calme revienne, alors que d’autres optent pour une destination alternative», observe Piet Demeyre. Ainsi, chez TUI Belgium, le nombre de réservations au Canada a explosé (+77%). «Ce que l’une destination perd, l’autre le gagne.»
Les city-trips toujours plébiscités
Les prix relativement élevés des billets d’avion pour les Etats-Unis actuellement plombent également l’attractivité de la destination, relève le patron d’USA Travel. Seuls les city-trips, par exemple à New York, semblent échapper à la règle. «Ce genre de voyages s’apparentent à une sorte d’achat compulsif, note Olivier Vandenbroucke. Ils nécessitent bien moins de préparation qu’un road-trip de trois semaines dans l’Ouest américain qui, par définition, sont des projets à plus long terme et sont donc plus sujets à l’indécision.»
Pour relancer la machine touristique américaine, l’apaisement est plus que le bienvenu. «Il faudrait que l’actualité politique se calme un peu, et qu’on ne reçoive pas quotidiennement des messages négatifs en provenance des Etats-Unis», souffle Olivier Vandenbroucke.
La baisse du dollar pourrait également être de bon augure. Alors qu’un dollar américain valait encore 0,97 euro en janvier dernier, il ne représente plus que 88 centimes aujourd’hui. Un pouvoir d’achat renforcé outre-Atlantique pourrait ainsi convaincre les Européens de réserver sur un coup de tête.