Comme depuis plus de vingt ans, l’année 2023 s’est achevée avec la signature d’un accord à la COP (Conférence des parties), 28e du nom, qui s’est tenue à Dubaï. Cette grand-messe institutionnelle réunie sous l’égide des Nations unies, qui a rassemblé les délégations de près de 190 pays (dont pas moins de 170 représentants rien que pour la Belgique), a été instituée en 1997 avec la signature du protocole de Kyoto, première pierre institutionnelle visant à limiter le réchauffement climatique induit en particulier par l’augmentation des émissions des gaz à effet de serre.
Pour la première fois, les participants se sont accordés en faveur d’une transition hors énergies fossiles, principales émettrices du dioxyde de carbone (CO2). Même si les dates précises restent floues, cette conclusion constitue une décision historique et indique clairement le début de la fin pour les énergies fossiles. L’objectif de cette décision est de limiter l’augmentation des températures à 1,5° C. Les pays auront le choix des technologies utilisées pour réduire leurs émissions (renouvelable, nucléaire, hydrogène bas carbone, stockage du carbone…).
Les participants à la COP ont aussi décidé d’accroître les moyens financiers pour assurer la transition climatique. Tout d’abord, le fonds des pertes et préjudices, qui sert à dédommager les pays vulnérables – souvent les plus pauvres –, a été rendu opérationnel. Doté de 800 millions de dollars, il sera géré par la Banque mondiale. Ensuite, plusieurs engagements ont été pris par les institutions multilatérales (Fonds monétaire international, Banque africaine de développement, …) et certains pays pour accroître les fonds dédiés à la transition climatique, notamment via le Fonds vert pour le climat. Enfin, le pays organisateur, les Emirats arabes unis, a initié le fonds Altérra afin de mobiliser 250 milliards d’investissements privés.
La question reste de savoir si ces décisions seront suffisantes et quel sera l’effet de cette transition climatique sur l’économie mondiale. Les modèles macroéconomiques ont à présent largement intégré la dimension climatique et peuvent apporter un éclairage en évaluant l’impact des mesures visant à réduire les émissions de CO2. William Nordhaus, prix Nobel d’économie 2018, un des pionniers de ce type d’analyses, défend l’idée d’accords à grande échelle entre pays qu’il nomme «Climate Club», et souligne l’importance de mécanismes incitatifs tels que la taxe carbone. Les études empiriques récentes confirment ces conclusions et le fait que de telles taxes ont eu plus d’effets que les accords internationaux passés.
L’autre question que pose la COP 28 concerne l’importance des fonds alloués. Même s’ils atteignent des niveaux jamais vus, ils sont, pour d’aucuns, déjà insuffisants. De plus, certains ne sont pas encore opérationnels et apparaissent comme de simples annonces marketing. Un effort de transparence et de régulation s’avère donc nécessaire afin d’éviter les potentielles dérives du greenwashing. Ces questions continueront à faire l’actualité jusqu’à la prochaine COP, en Azerbaïdjan, de nouveau un des acteurs importants du secteur des énergies fossiles…