En matière de transplantation pulmonaire, quand elles ont la chance de recevoir un organe, les patientes attendent en moyenne 42 jours de plus que les hommes. A cause de deux raisons, qui peuvent toutefois être contournées.
Souffrant déjà de nombreuses inégalités, les femmes font en plus face à des différences significatives entre elles et leurs homologues masculins en matière de transplantation pulmonaire. Les femmes ayant besoin d’une greffe d’un ou de deux poumons attendent en moyenne six semaines de plus que les hommes, ressort-il d’une récente étude publiée dans l’European Respiratory Society (ERJ) Open Reseach. Il est question d’une attente de 115 jours pour les femmes, contre 73 pour les hommes.
Cette étude s’appuie sur les données de 1.710 patients, dont 802 femmes et 908 hommes, soignés dans douze centres de transplantation d’organes en France, entre 2009 et 2018. Outre le délai d’attente, l’équipe de chercheurs français montre que les patientes ont 91,6% de chances d’être transplantée d’un ou de deux poumons, contre 95,6% pour les patients. Un constat qui est loin d’être nouveau. Une analyse de données récoltées aux Etats-Unis avait déjà conclu que les hommes avaient plus de chances de recevoir un greffon pulmonaire que les femmes.
Transplantation pulmonaire chez les femmes: tout est une question de taille… ou presque
Il existe deux explications à ces disparités. La première, c’est la taille des poumons disponibles. En effet, la plupart des donneurs sont de sexe masculin. Or, leurs organes respiratoires sont souvent plus gros que ceux de la gent féminine, mais surtout plus gros que la taille moyenne d’une cage thoracique féminine. Les poumons de donneurs masculins sont dès lors plus fréquemment greffé à des patients du même sexe. Pourtant, comme le montre également l’étude, les chances de survie des femmes recevant un greffon pulmonaire d’un donneur ne sont pas moins bonnes que celles qui en reçoivent un d’une donneuse. En outre, la survie globale post-transplantation des femmes (65,6%) est significativement plus élevée que celle des hommes (57,3%).
La seconde raison est d’ordre immunologique. La grossesse étant un déclencheur important de l’immunisation, les anticorps anti-HLA (NDLR: antigènes des leucocytes humains) se retrouvent souvent dans le plasma des femmes ayant déjà été enceintes et peuvent être responsables d’un rejet de greffe. Il est dès lors plus difficile de trouver un greffon compatible du point de vue immunologique, ce qui rallonge donc le délai d’attente pour les femmes en attente de poumons.
«Il est important de comprendre que les personnes inscrites sur la liste d’attente pour une greffe ont une qualité de vie très médiocre, (…) et qu’elles ont un risque élevé de décès, explique Adrien Tissot, chercheur au sein du Service de pneumologie du CHU de Nantes et auteur principal de l’étude. Pour ces patientes, attendre c’est souffrir, et plus l’attente est longue, plus ces femmes souffrent.»