Une petite centaine de travailleurs fait le pied de grue devant l’usine forestoise depuis l’aube en signe de protestation contre les récentes annonces de la direction, qui ont déclenché la colère du personnel.
Les ouvriers rassemblés lundi matin devant l’usine d’Audi à Bruxelles ont mis le feu à quatre pneus se chevauchant, à l’image des quatre anneaux du logo Audi, tandis que des pétards résonnaient ici et là. Le brasier laissait dégager d’épaisses fumées noires dans le ciel, sous une fine pluie.
Une petite centaine de travailleurs fait le pied de grue devant l’usine forestoise depuis l’aube en signe de protestation contre les récentes annonces de la direction, qui ont déclenché la colère du personnel. « On doit être H24 à leur disposition, on n’a même plus droit à la déconnexion », s’agace Felice Di Franco, ouvrier et militant MWB. « Ils ont annoncé le lock-down de l’entreprise dimanche à 20h30 et ce matin, les travailleurs présents pour prendre leur shift à 06h00 n’ont pas pu rentrer, comme l’a constaté un huissier de justice. Et les travailleurs d’Audi ne sont désormais plus payés », signale-t-il.
Comme d’autres de ses collègues, tous craignant pour leur futur, Felice veut des informations concrètes. « Les gens ne savent rien. On demande des informations qu’on nous refuse », souligne-t-il. La direction d’Audi avait laissé un ultimatum jusqu’à lundi midi aux syndicats afin qu’ils rendent les clés d’environ 200 voitures qu’ils avaient confisquées jeudi dernier. « Nous avons proposé à la direction de se rencontrer le plus rapidement possible », a indiqué Ludovic Pineur de la CNE Industrie, à l’issue d’une réunion syndicale. Peu avant 13h00, la direction n’avait toujours réagi à cette invitation. Jeudi dernier, tandis que la direction envisageait de récupérer les voitures se trouvant dans les garages, les syndicats avaient confisqué les clés d’environ 200 véhicules.
Les représentants des travailleurs avaient alors indiqué qu’aucun véhicule ne quitterait l’usine tant qu’ils n’obtiendraient pas d’éclaircissements quant à l’avenir de l’entreprise. Les syndicats affirment qu’ils sont aujourd’hui disposés à rendre les clés, qui se trouvent à l’intérieur de l’usine, mais seulement en présence d’un huissier. « Car la méfiance est énorme », a souligné Jan Baetens, syndicaliste à l’ACV Metea.
Outre la présence d’un huissier, les syndicats ont émis une autre condition à la remise des clés, à savoir la réouverture de l’entreprise. Dimanche, alors que les tensions étaient déjà vives entre travailleurs et direction après l’annonce qu’aucun modèle de véhicule ne serait attribué à l’usine de Forest, la situation s’est enlisée davantage. La direction d’Audi a en effet décidé de maintenir fermée la fabrique et de ne plus payer les travailleurs, jusqu’à ce que les ouvriers reprennent le boulot « normalement » et qu’ils rendent les clés confisquées, sous peine de poursuites pénales. Une « déclaration de guerre » qui a déclenché l’ire des travailleurs.
Ce conflit social en Belgique survient sur fond d’économie sans précédent du premier groupe automobile européen. Volkswagen (auquel appartient Audi) a en effet annoncé qu’il allait fermer des usines en Allemagne pour la première fois de son histoire pour faire face à une « situation extrêmement tendue ».