La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a lancé jeudi un « dialogue stratégique » avec le secteur agricole, y voyant un moyen de « surmonter la polarisation », notamment sur les législations environnementales, sur fond de manifestations à travers l’Europe.
Près d’une trentaine de représentants des organisations agricoles, du secteur agro-alimentaire, d’ONG environnementales et d’experts sont réunis à Bruxelles sous l’égide d’un universitaire allemand, Peter Strohschneider.
Promis depuis septembre, ce rendez-vous intervient à l’heure où, entre blocages d’autoroutes et défilés de tracteurs, la grogne touche la France, l’Allemagne, la Roumanie ou la Pologne, après les Pays-Bas, la colère des agriculteurs visant notamment les normes environnementales européennes et les importations jugées déloyales dans l’UE.
« Il existe une polarisation croissante sur les sujets liés à l’agriculture. Je suis profondément convaincue que nous ne pouvons la surmonter que par le dialogue », a déclaré Mme von der Leyen avant la rencontre, reconnaissant « qu’il n’est pas facile de parvenir à une vision commune ». « Nous partageons le même sentiment d’urgence que les choses doivent s’améliorer, qu’il faut trouver une nouvelle voie à suivre et des solutions communes et durables aux problèmes », alors que les agriculteurs « évoluent au quotidien sur un marché très concurrentiel », a-t-elle poursuivi.
« Vous méritez une rémunération équitable »
« Vous êtes souvent la partie la plus vulnérable de la chaîne de valeur, vous méritez bien sûr une rémunération équitable. Notre objectif est de soutenir vos moyens de subsistance et de garantir la sécurité alimentaire européenne », a également assuré la présidente de l’exécutif européen. Si les récentes manifestations évoquent des éléments déclencheurs nationaux divers, elles pointent des facteurs communs: épisodes climatiques extrêmes, grippe aviaire, flambée des prix du carburant, afflux de produits ukrainiens depuis une levée des droits de douane en 2022…
La nouvelle Politique agricole commune (PAC), qui renforce drastiquement les obligations environnementales, et les législations du « Pacte vert » européen –même si elles ne sont pas encore en vigueur– cristallisent le mécontentement. « Les objectifs collectifs du Green Deal sont existentiels, nous vivons tous de la nature.
Et même si nous ne sommes certainement pas toujours d’accord sur ces questions, nous sommes d’accord sur le fait que les défis s’accentuent, qu’il s’agisse de concurrence étrangère, de sur-réglementation au niveau national, du changement climatique ou de la perte de la biodiversité », a résumé Mme von der Leyen. Parmi les thèmes proposés aux intervenants: les revenus des agriculteurs, la durabilité de leurs pratiques, l’innovation technologique et la compétitivité. Avec des réunions prévues au rythme d’environ toutes les quatre à six semaines, les participants sont invités à rendre des conclusions d’ici la fin de l’été, afin de préparer le terrain pour la prochaine Commission et l’élaboration de la prochaine PAC commençant en 2028.