Selon nos confrères du Tijd, le soutien financier des autorités aux magazines pourrait disparaitre. Dans le cadre d’un réaménagement du crédit d’impôt pour les éditeurs, le soutien aux magazines serait supprimé, tandis que le soutien aux journaux augmenterait. Le CEO de Roularta, Xavier Bouckaert, ne cache pas sa déception.
Lundi, le Conseil des ministres s’est à nouveau réuni pour discuter des subsides à la distribution des journaux et des magazines. Après que Bpost ait perdu la concession de 125 millions d’euros par an, le gouvernement a modifié le système existant d’aide à la distribution à la fin de l’année dernière. Un plan de suppression progressive est encore en place jusqu’au 30 juin, pour lequel Bpost a reçu un montant unique de 75 millions d’euros.
En outre, les éditeurs pourraient toujours compter sur un crédit d’impôt de 50 millions d’euros jusqu’en 2026, destiné à la distribution dans les zones reculées situées presque exclusivement en Wallonie. Selon De Tijd, le vice-premier ministre PS Pierre-Yves Dermagne a présenté lundi une proposition qui supprimerait complètement le soutien à la distribution des magazines – parce qu’elle ne nécessiterait pas de tournée matinale supplémentaire.
Selon la proposition dont le kern discutera ce mercredi, le soutien du gouvernement à la distribution des magazines serait complètement supprimé. Que pensez-vous de ces négociations ?
Xavier Bouckaert : Je pense qu’il s’agit d’une discrimination pure et simple. L’exclusion des magazines s’expliquerait par le fait qu’il est moins coûteux de distribuer des magazines que des journaux, parce que les magazines peuvent être envoyés avec le courrier ordinaire. Mais cela ne signifie pas que les coûts de distribution des magazines n’augmenteront pas. Pour Knack et LeVif, par exemple, qui sont des concurrents des quotidiens, nous prévoyons une augmentation de 50 % des coûts de distribution dans la journée qui suit la livraison des magazines au distributeur. Pour le Krant van West-Vlaanderen, l’augmentation sera de 100 %.
Comprenez-vous que le gouvernement doit maintenant faire des choix ?
Bouckaert : Je ne comprends absolument pas pourquoi les magazines seraient désormais exclus de l’aide fiscale. Pour faire une telle chose, il faut avoir une raison objective. Or, je n’en vois pas. En fait, le gouvernement place les magazines dans une situation de désavantage concurrentiel. Après tout, les quotidiens sont nos concurrents, tant sur le marché du lectorat que sur celui de la publicité. Nous nous dirigeons de plus en plus vers une expérience de lecture numérique, les journaux étant lus numériquement en semaine. Mais le week-end, les journaux sont lus sur papier. Il en va de même pour les magazines : numériques en semaine, puis une édition papier une fois par semaine. Est-ce le rôle du gouvernement de prendre le parti des journaux ? Ce n’est pas correct.
Est-ce le rôle du gouvernement de prendre le parti des journaux ? Ce n’est pas correct.
Qui risque d’être la victime d’une telle décision ?
Bouckaert : C’est évident : les éditeurs de magazines. Qui est le plus grand éditeur de magazines commerciaux ? C’est nous, Roularta, avec 25 titres de magazines. Nous sommes vraiment ciblés. Je n’ai jamais rien vécu de tel dans ma vie. Pour couronner le tout, le gouvernement ferait ensuite une distinction entre les magazines non commerciaux et les magazines commerciaux – lire : les magazines des caisses d’assurance maladie, etc. Ces derniers seraient toutefois épargnés. On entend souvent dire que le maintien des aides publiques est important pour les éditeurs wallons. Je suis également conscient que la Wallonie est un marché difficile – Roularta y est également actif. En tant qu’entreprise flamande, nous ne bénéficions d’aucune aide de la Région wallonne. Et maintenant, le gouvernement fédéral voudrait nous discriminer ? Trop, c’est trop.
Roularta envisage une action en justice si les magazines sont exclus du soutien à la distribution ?
Bouckaert : Si une telle injustice devait se produire, nous examinerions ce qui est juridiquement possible. Tout d’abord, il y a le principe d’égalité. Tous les acteurs du marché sont-ils traités de la même manière ? Nous pourrions saisir le Conseil d’État. Ensuite, nous nous interrogeons sur le droit de la concurrence. En tant que gouvernement, pouvez-vous commencer à favoriser une partie du marché par rapport à une autre, même si elles sont concurrentes ? Ne s’agit-il pas d’une distorsion de concurrence ? Enfin, il y a la question des aides d’État : est-il acceptable qu’une partie obtienne tout et que l’autre soit complètement exclue ?
Si le plan est mis en œuvre : comment Roularta pourra-t-il absorber ce choc financier ?
Bouckaert : Nous devrons de toute façon absorber l’augmentation de 50 % des coûts de distribution. Cela peut peser sur le prix de nos abonnements. Par contre, pour les journaux, cela jouera un rôle moins important. Ne vous méprenez pas : je comprends parfaitement que les réductions d’impôts soient également attribuées aux journaux. Mais je ne vois pas pourquoi cela ne s’appliquerait pas aussi aux magazines. Soit on n’accorde pas de crédit d’impôt, soit on le fait, mais dans ce cas, tout le monde est sur un pied d’égalité. Et ce n’est pas le cas avec la proposition actuelle.
Nous pourrions donc en répercuter une partie sur le prix des abonnements. Mais il y a aussi une limite à cela. La sensibilité au prix signifie que les lecteurs abandonneront si les abonnements deviennent trop chers. Cette décision pèserait donc sur notre groupe. En outre, 2023 n’était déjà pas une année évidente pour Roularta. Je n’ai pas besoin de faire un dessin de ce que cela signifierait pour nous, n’est-ce pas ?
En outre, je me demande si l’effort financier pour le gouvernement serait si important s’il continuait à soutenir les magazines. Nous ne sommes pas les gros bonnets. Je ne comprends vraiment pas pourquoi on veut nous exclure.
Je me demande si l’effort financier pour le gouvernement serait si important s’il continuait à soutenir les magazines
Qu’attendez-vous du kern qui se tiendra ce mercredi ?
Bouckaert : Dans la proposition originale qui était sur la table en décembre, il n’était pas question d’exclure les magazines. Nous demandons simplement au kern de ne pas discriminer les magazines. Nous ne demandons rien de plus qu’un traitement égal de tous les acteurs.
Dans le cas contraire, les titres de Roularta risquent-ils, à terme, de disparaître ?
Bouckaert : Bien sûr qu’il y aura un impact. Reste à savoir lequel. Certains titres seront certainement en difficulté, notamment nos magazines en Wallonie.