Le Samusocial de Bruxelles tire la sonnette d’alarme avec une nouvelle campagne. Celle-ci cherche à alerter sur les conditions des personnes sans-papiers et sans abri, tout en proposant des solutions concrètes aux dirigeants politiques pour « sortir les plus fragiles de l’errance » .
Déplorant l’actualité propice aux amalgames entre la question des personnes « sans-papiers », l’insécurité et le terrorisme, les associations partenaires appellent à « la nuance et à la responsabilité, tant des autorités que des institutions ou des citoyens », ont-elles déclaré dans un communiqué.
Avec cette campagne, réalisée en collaboration avec le CIRé (Coordination et initiatives pour réfugiés et étrangers), Médecins du Monde et l’ASBL l’Ilot (« Sortir du sans-abrisme »), le Samusocial, le dispositif d’urgence pour personnes sans-abri à Bruxelles, cherche ainsi à alerter sur les conditions de vie des personnes sans-papiers les plus vulnérables. « Aucune mesure ne permettra de mettre fin au sans-abrisme tant que nous ne trouverons pas des solutions humaines et durables à la question des sans-papiers« , ont averti les associations partenaires.
« Nos équipes le constatent chaque jour sur le terrain, la situation est telle qu’il est absolument nécessaire de prendre des dispositions urgentes pour aider les personnes concernées« , ont-elles alerté.
Parmi ces personnes « vulnérables », on retrouve les personnes âgées, malades ou en perte d’autonomie, dont la situation se dégrade jusqu’à parfois mourir en rue, signalent les associations. Sont également dites vulnérables les femmes sans-abri victimes de violences conjugales, risquant de perdre leur droit au séjour dès qu’elles quittent leur conjoint violent. Il peut encore s’agir des ressortissants européens, parfois en Belgique depuis plusieurs années, devenant sans abri et en situation irrégulière dès qu’ils perdent leur logement et leur adresse légale.
« Ces personnes sont alors radiées des registres, n’ont aucun autre droit que celui à une aide médicale urgente, restrictive et peu accessible », ont pointé les parties impliquées.
« Le statu quo n’est plus tenable« , a déclaré le Samusocial. Devant l’augmentation du nombre de personnes sans-papiers vulnérables, « il est de notre responsabilité de témoigner des situations parfois insoutenables observées sur le terrain, au travers de portraits de personnes aidées par nos équipes ». En parallèle, la campagne propose aux représentants politiques « des recommandations pragmatiques, dégagées par une vingtaine d’associations des secteurs social, juridique et sanitaire, afin de protéger les personnes sans-papiers les plus vulnérables et les sortir de l’errance« , ajoute-t-il.
La campagne s’ouvrira, dès 07h30, sur une distribution de tabloïds – à visée de sensibilisation et au travers de portraits – à la sortie de certains métros bruxellois, notamment en présence du président de la Ligue des droits humains, Edgar Szoc.
Quelque 1.500 affiches ont par ailleurs été déployées dans la ville, et un site internet (www.sanspapiers2023.be) est également à la disposition du public depuis mardi. Enfin, une exposition sera inaugurée dès 11h30 à la Bourse.
Un ensemble de recommandations, concernant entre autres l’accès à l’emploi, l’accès à la santé ou encore les spécificités de genre, a été dressé par une vingtaine d’associations du secteur social, juridique et sanitaire.
« Nous suggérons tout d’abord d’ouvrir le permis unique (PU) aux personnes sans titre de séjour actives et présentes en Belgique, sachant qu’il est pour l’instant inaccessible aux personnes sans-papiers, malgré des pénuries d’emploi », ont souligné les associations impliquées. Par ailleurs, « nous recommandons que l’Aide Médicale Urgente (AMU), forme d’aide sociale octroyée par les CPAS pour les frais médicaux des personnes en séjour irrégulier, soit rendue plus facilement activable ».
Quant aux multiples discriminations subies par les femmes victimes de violences ou les personnes LGBTQIA+ sans abri et sans-papiers, le droit au séjour est préconisé par les associations, et ce en particularisant les prises en charge, tant au niveau des organismes fédéraux que des services de terrain.