De 32.600 travailleurs belges au Luxembourg en 2007, ils sont aujourd’hui près de 50.000, ressort-il des chiffres de l’Institut national d’assurance maladie-invalidité (Inami) sur les travailleurs frontaliers relayés par La Libre.
Le gain s’explique par le fait que tout Belge qui exerce son activité professionnelle au Luxembourg y est directement prélevé à la source et ne paie donc pas ses impôts sur le travail en Belgique. La France et l’Allemagne accueillent également plus d’actifs belges qu’avant. Ils sont environ 8.400 à traverser la frontière vers la France, alors qu’ils n’étaient que 7.000 il y a dix ans. La hausse est à hauteur de 20 % pour l’Allemagne.
« On a un flux net sortant d’environ 30.000 travailleurs. Cela signifie que les étrangers qui viennent travailler chez nous ne compensent pas du tout le chiffre des Belges qui décident de passer la frontière. Globalement, on est donc moins attractif que nos voisins. Souvent, la justification est bien sûr fiscale », détaille l’économiste et professeur à l’UCLouvain Jean Hindriks.
L’Inami fournit également les statistiques des travailleurs frontaliers dits « entrants »: malgré la différence de fiscalité, un demi-millier de Luxembourgeois travaillent en Belgique. Quant aux Français, en quelques années à peine, ils sont passés de 30.000 à 40.000.
Pour le professeur d’économie, cette situation représente un manque à gagner pour la Belgique. » Avec l’augmentation continue de Belges qui travaillent et paient leurs impôts au Luxembourg, ce sont autant de rentrées d’argent que la Belgique perd » , analyse-t-il. » Et comme tous les Français qui rentrent ne paient pas forcément leurs impôts ici, on perd doublement. Il est donc vraiment intéressant de se poser la question de cette fuite fiscale transfrontalière » , insiste Jean Hindriks.